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Le jour où… « Simon m’a dit qu’il voulait reprendre ma ferme »

Robert, 62 ans, producteur de lait à la retraite, Maine-et-Loire

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«Je ne me souviens plus de la date exacte, mais c’était pendant l’été 2015. J’approchais de l’âge de la retraite, avec en tête l’idée de transmettre mon exploitation à un seul repreneur. Je trouvais que c’était plus simple que de la voir morcelée entre plusieurs agriculteurs. Pour mettre toutes les chances de mon côté, je ne relâchais pas mes efforts et m’astreignais à tenir ma ferme nickel, sans luxe, mais au cordeau.

Quand Simon est venu me voir pour me dire qu’il souhaitait prendre ma suite, j’ai bien accueilli sa démarche. Je le connaissais. Pendant ses études, il travaillait pour le Service de remplacement et était intervenu plusieurs fois dans mon élevage laitier. J’appréciais son travail, on s’entendait bien.

Après cette première rencontre, je l’ai accompagné chez chacun de mes huit propriétaires. Tous m’ont fait confiance et lui ont signé une promesse de bail. En parallèle, j’ai fait estimer les bâtiments que j’avais construits, ainsi que le matériel, et je me suis tenu aux fourchettes de prix données.

Rester discrets

Pour le troupeau laitier, nous avons procédé autrement. Simon a, comme moi, la fibre de l’élevage. Alors, nous avons estimé les animaux chacun de notre côté et, comme nous n’étions pas d’accord, nous avons rediscuté. Dans cette négociation, j’ai toujours gardé en tête mon propre parcours. Je me suis installé en 1984 – l’année de mise en place des quotas laitiers ! –, sur 35 hectares en fermage, et j’ai dû constituer mon troupeau de A à Z. Je ne garde pas que de bons souvenirs de cette période. Il y a eu des jours difficiles et je ne voulais pas faire vivre cela à quelqu’un d’autre.

Simon a finalisé son dossier d’installation fin 2016. En janvier 2017, il emménageait dans la maison de la ferme. Je pense que ma femme et moi lui avons permis de démarrer son activité sereinement. Et pour tout dire, je suis heureux de cette transmission, d’autant plus que nous habitons toujours la commune.

Je n’ai pas de conseil à donner, mais je pense qu’une cession d’exploitation n’est pas seulement une question d’argent. Par ailleurs, il faut savoir rester discret pendant la maturation du projet. C’est important parce que sinon, tout le monde s’agite dans tous les sens et ça, ce n’est pas bon ! »

Propos recueillis par Anne Mabire

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